L'évolution sociétale ainsi que les diverses connaissances géographiques et la domestication avancée de la flore et de la faune enclenchent un tout nouveau comportement majeur au sein des trois races. En effet, abandonnant leur état de semi-nomades, elles se sédentarisent sur les lieux les plus propices à leur essor puis développent l'agriculture et l'élevage en complément de la chasse, de la pêche et de la cueillette.

Les Rileniens sont les premiers à se sédentariser. Les Clans les plus prolifiques en terme de population commencent à se grouper dans des villages permanents. Ils pratiquent ensuite un élevage bien plus efficace que précédemment, et enfin cultivent les arts du feu, notamment la poterie et la métallurgie du bronze. L'écriture fait son apparition dans la foulée. Plusieurs millénaires passèrent avant de voir la toute première cité s'élever de terre en -10280, accueillant alors une bonne dizaine de milliers d’habitants. Bien que la très grande majeure partie des Rileniens resta rurale, le concept de la cité permit une explosion culturelle, architecturale et militaire dans la zone d'influence Rilenienne. S'ensuivit un boom démographique sans précédent. L'ensemble de ces phénomènes posa les bases des tout premiers royaumes Rileniens et favorisa la colonisation de territoires nouveaux.

A cette même période, Lortins et Garons méconnaissent encore la sédentarisation, continuant à vivre leur quotidien en parfaits semi-nomades, avec leurs villages saisonniers et leurs itinérances fructueuses. Leurs deux races entrent en contact vers la fin du 9ième millénaire avant l'événement. D'un premier abord craintives, leur penchant social et curieux eu tôt fait de les rapprocher, et c'est ainsi qu'ils nouèrent de solides liens économiques via le troc en premier lieu, puis via la monnaie Lortine qui s'imposa parmi les Garons dès -6830 à la suite de sa rénovation. Prémices de leur sédentarisation prochaine, les deux races érigent conjointement un village en -7752, afin de faciliter les échanges et la compréhension entre les deux races. Ce village commun, remportant un franc succès parmi eux, s'étendit constamment jusqu'à ce que les Garons le transforme en cité à la fin du 8ième millénaire avant l'événement. Cette cité vit naître les plus grands esprits du continent et démocratisa à jamais la monnaie Lortine (largement modernisée par leurs soins grâce aux mines d'argent et d'or proliférant dans la région) comme seule et unique référence des transactions économiques parmi les deux races.

La cité commune agit telle une véritable corne d'abondance qui inonde les terres des deux entités de ses atouts, provoquant une révolution culturelle sans précédent, aussi bien chez les Lortins que chez les Garons. Durant toute la seconde moitié du 6ième millénaire les deux races rattrapent l'avance Rilenienne sur le plan du développement urbain. Les semi-nomades ne sont plus. L'ère de la sédentarisation s'impose partout sur le continent.

Malheureusement les premiers malheurs s'abattent sur cette évolution idyllique, puisque vers -4800, Lortins et Garons subissent chacun les assauts de chefs de guerre au sein même de leur race respective. En effet, le grand développement démographique résultant de leur sédentarisation et de la maîtrise de l'élevage comme de l'agriculture, a donné aux plus téméraires et ambitieux l'occasion de recruter de larges bandes de pillards pour voler les biens d'autrui sans avoir à se fatiguer à les produire. Ces raids remettent soudain au goût du jour les nomades, espèce que l'on croyait disparue à jamais, puisque les chefs de guerre adoptent ce concept et se déplacent constamment d'un point à un autre pour piller, violer, massacrer et brûler les zones rurales productives. Les cités se retrouvent souvent prises à la gorge, contraintes de s'emprisonner entre leurs propres murs protecteurs.

De même ces massacres marqueront à jamais les deux races jusqu'alors si pacifiques. D'un côté les Lortins rejetteront en bloc la possibilité que leurs congénères puissent s'adonner à ce genre d'exactions, refusant de voir la vérité en face: une minorité de Lortins et de Garons avaient pris les armes pour agir en véritables barbares. Les différentes factions Lortines se replieront sur elles-mêmes, attendant que la politique de la terre brûlée fasse son effet et que les barbares n'ait plus rien à piller, obligés de venir s'écraser contre les murs des cités. Quelques-unes, affamées, tombèrent. Ce fut une époque bien sombre pour les Lortins, qui mit un frein conséquent à leur développement. Mais les barbares finirent par s'essouffler et s'autodétruire. En -4670 les Lortins purent commencer à panser leurs blessures.

Les Garons eux-aussi eurent à subir la terreur des colonnes nomades. Mais à la différence de leurs alliés, ils prirent le problème à bras le corps et fort judicieusement imposèrent embuscades sur embuscades aux barbares, devenant aussi mobiles que leurs agresseurs et disposant d'une connaissance du terrain précieuse. Dès -4754 la dernière colonne nomade quitta les territoires Garons pour tenter sa chance dans les royaumes Lortins. Malgré les dégâts conséquents de ces 46 années de terreur, les Garons en ressortirent perfectionnés, particulièrement au niveau du réseau routier et de l'organisation des armées. A la différence des Lortins, ils verront plus tard cette période comme une véritable bénédiction qui leur permit de se constituer en puissance capable de rivaliser militairement avec les Rileniens.

Les Rileniens, justement. Ceux-ci ne sont pas en reste puisqu'à partir de -5200, leurs cités, au nombre de huit, se lancent dans une concurrence sanglante dont la justification, s'il en est une, ne se trouve que dans la jalousie nourrit par chacune d'entre elle à l'égard des autres. Cette guerre bouleversa le paysage guerrier des Rileniens. Tout d'abord, on vit s'affronter, pour la toute première fois, des milliers d'hommes sur chaque champ de bataille. Ensuite l'armement individuel changea grandement. Armes de jets, de corps à corps, boucliers, protections, tout ceci fit des armées Rileniennes les plus modernes de leur temps. S'ils avaient découvert les deux autres races à cette époque, nul doute que les Rileniens auraient dominé le continent en quelques décennies. Les engins de siège également font leur apparition, de même que le travail de sape. Les Rileniens, néanmoins, eurent le bon sens de conserver leurs traditions ancestrales concernant l'honneur, et évitèrent, quand c'était possible, de provoquer des pertes civiles. Les massacres et les destructions en milieu rural furent très rares.

Le conflit ne s’arrêtera qu’en -5125 après la destruction de l’une des huit cités à l'issue du sacrifice d'une grande partie de ses citoyens. Ces derniers coururent sus à l'envahisseur avec des armes hétéroclites qu'on leur distribua à l'écoute du son de la défaite prochaine, lorsque l'ennemi réussit enfin à remporter la victoire face aux vétérans de la cité. Les combats urbains qui se déroulèrent furent une grande première et mirent à feu et à sang la totalité de la cité. A l'issue du troisième mois de combats urbains, la cité avait cessée d'exister.

L’horreur de cette action suscita à travers le territoire Rilenien un élan pacifiste qui atteignit même les plus va-t'en-guerre des citoyens. Les cités signèrent à l'issue un accord de coopération et se lancèrent plusieurs décennies après dans un grand mouvement de colonisation des terres inconnues, évitant soigneusement de déclencher un conflit stupide entre elles. Les Rileniens repartaient ainsi de l'avant et opéraient une large conquête sans heurts des nouvelles terres au fur et à mesure de leurs explorations.

En -4380, Lortins et Garons reprennent contact et réinvestissent leur cité commune mise à sac et vidée de ses habitants par un chef de guerre quatre siècles plus tôt. D'abord difficile, la réconciliation réussit à l'emporter face à l'ombre d'une possible invasion des Garons sur les Lortins. Invasion qui ne sera tuée dans l'œuf que grâce à l'intervention des plus grands érudits Garons contre la menace qu'ils sentaient planer sur leurs alliés retrouvés. La cité bénéficie ensuite d'un souffle nouveau tout comme d'une expansion significative. Les échanges entre les deux races deviennent si profonds qu'une langue commune est crée puis popularisée de la fin du 5ième au début du 3ième millénaire.

Les Rileniens entre en contact avec les Lortins suite à leur expansion territoriale en -2650. Dans un premier lieu prudent à l'égard de cette nouvelle race dont ils ne connaissent rien, bien que leur taille leur font déjà mépriser ces "primitifs" comme ils aimèrent les appeler entre eux, ils lancèrent ensuite une vaste campagne de recrutement au sein de leurs cités dans le but d'asservir leur nouvelle découverte. Faisant fi des quelques représentants Garons qu'ils aperçurent au sein des cours Lortines pleines de bons sentiments, les Rileniens décidèrent de sceller le sort de ces petits êtres le plus rapidement possible avant de s'occuper des nouveaux inconnus.

La guerre, une nouvelle fois, vint se repaître de la violence des Hommes. Les premiers mois du conflit furent à l'avantage des agressés. En effet, les envahisseurs n'avaient que de grossières informations cartographiques, et plus d'une fois dérivèrent de leur chemin d'origine, sans compter les gardes frontaliers Lortins très compétents qui brouillèrent encore plus les pistes par nombre d'artifices, ce qui fit en sorte que le plan d'invasion initial, remarquablement pensé, fut un échec total. Les Lortins eurent tout le loisir de constituer une armée et d'appeler à l'aide leurs alliées. Les Garons, sans se faire prier davantage, mobilisèrent leurs royaumes. Leur logique était simple: à cette époque la grande partie de leur économie dépendait des échanges avec les Lortins. Il était hors de question de laisser les Rileniens appauvrir ou conquérir ses alliés. Les Rileniens, ayant perdu leur effet de surprise, durent se retrancher sur les maigres territoires qu'ils avaient jusqu'alors conquis. La guerre s'éternisa durant bien des années pour qu'enfin chacun décide de signer la paix, en -2612, n'ayant rien apporté de plus que des milliers de morts et 14 années d'incertitudes.

Commence alors une longue phase de développement des Rileniens d’un côté, et des Lortins et Garons de l’autre. Au sein des trois races, les différentes factions se rapprochent grandement, éloignant le spectre de la guerre fratricide et prévoyant la naissance d'une nouvelle approche géopolitique. Des cités et des villages poussent un peu partout dans chacun des camps. Ainsi assistons-nous à l’âge d’or des Civilisations, qui ne prend fin qu’en -800 avec la scission du partenariat Lortin/Garon qui fut si lourd de conséquences.