Peu à peu le continent sombre dans le chaos le plus total. Bandes barbares, sectes adoratrices des objets tombés du ciel, Dieu unique à nouveau popularisé (l'ancien ordre religieux en profite pour rassembler les foules à ses côtés en criant haut et fort que cette situation n'est que la conséquence punitive pour avoir osé renier son adoration). Mais tout n'est pas détruit. Des cités miraculeusement épargnées essayent de reprendre en main leur destin. Mais très vite la situation leur échappe, incapables de constituer une force armée en mesure de stopper les exactions barbares et de rétablir l'ordre. Pendant 36 ans, les deux puissances survivent tant bien que mal. Mais le temps ne jouant pas en leur faveur, elles s'épuisent petit-à-petit pour se morceler en nombreux petits royaumes qui s'effondrent aussitôt, inaptes à survivre seuls. Les dégâts structurels sont bien trop monstrueux pour espérer avoir le temps de les réparer. Les coffres sont vides. Les fortunes ruinées. Au loin on entend la complainte d'un monde meurtrit par une agression extérieure dont il méconnait complétement l'origine.

De ce fait l'on assiste à un véritable bond en arrière. A contempler la scène, c'est à se demander si l'âge barbare des chefs de clans lors de la période allant de -4800 à -4670 ne s'est pas malencontreusement invitée dans le futur. Le glorieux second âge d'or que rien ne semblait devoir empêcher était soudain relégué au rang d'utopie. Il n'est plus question de culture, d'art, de commerce, mais seulement de survie. Vivre un jour de plus est une victoire incommensurable pour ceux qui n'ont pas encore sombrés dans la barbarie où n'ont cédé aux appels fanatiques et hypocrites des sectes. Le pouvoir se retrouve soudain aux mains de personnages sanglants, dans la démesure en toute chose, et incompétents, pour la plupart, à proposer une vision à long terme. On vivait au jour le jour. Nombreuses furent les connaissances perdues.

C'est donc sans surprise que l'on voit les deux puissances rendre leur dernier souffle. En effet, la Fédération et L'Empire, incapables de maintenir la cohésion de leur entité respective, s'effondrent définitivement en 36, après avoir courageusement tenté de reconstruire leur société à partir des terres non meurtries par les débris. Ainsi expiraient les deux plus grandes civilisations que ce monde ait porté. Deux puissances impressionnantes ayant chacune unie leur race respective il y a plus de huit siècles de cela. Une cité, cependant, se proclame comme championne de la sauvegarde des civilisations. Une cité puissante, riche à souhait, mais qui n'appartient qu'à elle-même depuis 90 années.

Juramone. Elle seule se trouve épargnée, n'ayant subit aucune chute de débris et réussissant à préserver son économie et à éloigner les bandes barbares qui préférèrent s'en prendre à des cibles sans défenses. Avec l'aide de milliers de réfugiés Juramone imposa une zone de contrôle tout autour d'elle, appelée Zone Neutre, afin de pouvoir vivre en totale autarcie. Elle y développe rapidement les infrastructures nécessaires à sa sauvegarde, accueillant de nombreux talents puis se coupe du monde en verrouillant son accès en 44, ce qui provoquera un massacre la même année lorsque plusieurs milliers de réfugiés pénétrèrent en ses terres et refusèrent de s'en aller. Le message était clair. Nous ne voulons plus de vous. Il en allait de la survie de Juramone. Elle avait absorbé la population désirée. Davantage signifiait sa fin à court terme. Juramone, cité éternelle, phare de la civilisation, ne reculera devant rien pour sauver ses citoyens et l'idée qu'elle se fait d'elle-même.