Les différentes races évoluent chacune de leur côté sans jamais interagir entre elles. Auparavant complétement nomades et sans espoir de changements significatifs dans leurs habitudes quotidiennes, elles adoptent progressivement un état semi-nomade à mesure de leur domination géographique, de la faune et de la flore.
La première des trois races à changer dans ce sens fut celle représentée par les Rileniens. Ils occupent alors de vastes espaces boisés au nord et au centre, sans oublier plusieurs enclaves montagneuses. Très proches de leur environnement, ils apprennent à dompter nombre de prédateurs et tracent des voies d'accès plutôt évoluées pour l'époque puisqu'elles résistent aux intempéries et aux années qui passent. Le long de ces voies se développent des villages saisonniers en nombre de plus en plus grands. Très rapidement, ils apprennent à domestiquer une faune capable de nourrir leurs populations itinérantes au gré de leurs pérégrinations tandis que leurs cueilleurs apprennent à connaître chaque recoin des zones traversées, tout ceci à l'aube du 22ième millénaire avant l'événement.
Plutôt enclins à en démordre avec quiconque, les Rileniens n'hésitent pas à déclencher des combats entre leurs différents clans, même pour des raisons bénignes. Heureusement les massacres sont assez rares. En effet, bien souvent ce sont les guerriers du clan adverse qui sont abattus. Les femmes et les enfants sont assimilés par le clan vainqueur, tandis que les vieillards, après avoir été dépossédés de tous leurs biens matériels, sont laissés sur place où ils dépériront très rapidement. Ce goût pour l'aspect guerrier ralentit légèrement leur croissance démographique de base et leur mainmise sur les nouveaux territoires qu'ils explorent, mais dans le même temps forge leur métabolisme pourtant déjà bien assez résistant et efficace.
Tandis qu'ils apprennent au fil des millénaires le travail du bois, le développement routier et l'élevage primaire, un autre peuple évolue également, bien plus au sud. Ce sont les Garons. Ces derniers se cantonnent à l'extrême sud du continent sur de larges bandes désertiques parsemées de multiples deltas et du fleuve Imone, le long duquel les différents peuples Garons commercent via le troc et prolifèrent. Ils apprennent à maîtriser le trafic fluvial, facilitant grandement le brassage ethnique entre leurs différentes populations, donnant naissance à une nouvelle race métissée, unique.
Très tôt, les nombreux clans Garons développent des actions de subversions pour s'approprier la direction des clans adverses, répugnant à recourir aux assauts guerriers. Propagande, assassinat, séduction, etc... Cette race nouvelle pose ainsi les bases de ses compétences futures. Le fleuve Imone est divinisé, donnant aux factions Garone une base religieuse partagée par toutes, avec de subtiles variantes de l'une à l'autre. Ils deviennent également de véritables maîtres dans l'art de la pêche. Aussi, dès le 18ième millénaire avant l'événement, l'on peut voir sur le fleuve Imone de larges et grandes embarcations primitives naviguant au gré des courants et accostant en automne sur le rivage pour permettre à ses occupants de s'enfoncer à l'intérieur des terres. Là, ils bivouaqueront d'un campement à l'autre, d'une oasis à l'autre, durant la seconde moitié de l'automne jusqu'au début du printemps.
Une troisième race a elle-aussi adopté le mouvement. En effet, les Lortins, qui disposent d’une géographie particulièrement propice de forêts, de collines et de prairies en nombre, peuplent tout l'ouest du continent. Ce sont des êtres particulièrement sociables, à l'excès, qui ne peuvent survivre émotionnellement en petits groupes. Ils ont besoin d'être regroupés en larges communautés dans lesquelles des échanges incessants sont conclus, aussi bien au niveau du troc, du partage de connaissances, de découvertes, ou au niveau de la naissance d'amitiés nouvelles. Les actions guerrières sont complétement proscrites en leur sein. Leur socialisation poussée provoque malheureusement des catastrophes épidémiques tout comme des famines, chaque clan étant surchargé de membres et ne pouvant subvenir à tous les besoins, dépassé par les événements. Aussi les Lortins oscillent constamment entre boom et effondrement démographique.
Malgré cet état de fait, ou à cause de lui, cette race réussit à mettre, le temps passant, une ligne de conduite très codifiée qui se répand et est adoptée en quelques siècles parmi chacun des clans de cette race. Appelé "Les Paroles des sentiments", ce code transmit de bouche à oreille (l'écriture n'a alors pas encore été inventée) impose une régulation démographique stricte au sein des nombreuses communautés Lortines. Il permet ainsi à cette race de faire perdurer ses clans à travers les âges, améliorant grandement le système d'échange par l'invention de la monnaie dès le 16ième millénaire avant l'événement. Néanmoins cette dernière ne se popularisera véritablement chez eux que six siècles plus tard. A ce moment là, le troc subira un déclin significatif et les Lortins connaîtront un développement sensible sur la maîtrise de l'environnement. Cela aura comme conséquence de leur faire rattraper un certain retard structurel et "scientifique" sur les autres races.
De même cette monnaie sera le moteur économique au développement d'embarcations compétentes pour voyager sur les mers intérieures, faisant des Lortins la toute première race à se lancer à l'assaut de l'espace maritime, donnant à leurs migrations saisonnières de nouvelles perspectives d'épanouissement.
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